Sharon Harrigan

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January 23, 2019 By Sharon Harrigan

Critique de L’Eau de Rose par Christophe Carlier. Editions Phébus, Paris, janvier 2019

Par Sharon Harrigan

Pour la version originale de cet article, en anglais, voir ici.

L’Eau de rose est, simplement, un nettoyant visage. En parlant métaphoriquement, la phrase veut dire mièvre et sentimental. Un roman à l’eau de rose, penserait-on, sera rempli de clichés, de situations sans réelles surprises. Ce jeu sur les mots dans le titre fait allusion aux sous-entendus dans le livre..

L’Eau de Rose est un petit livre complexe. Le lecteur peut y entrer facilement, mais le livre récompense une réflexion longue.  D’abord, nous pensons que nous savons ce dont il s’agit: un récit avec deux fils—l’un est l’histoire que Sigrid, la narratrice, est en train de vivre, et l’autre est l’histoire qu’elle est en train d’écrire. Les deux sections sont écrites dans deux genres différents. L’histoire de Sigrid est racontée dans le style de la fiction littéraire et réaliste, avec une emphase sur les personnages et le style. Celle de Priscilla, l’héroïne du roman à l’eau de rose, est dans le genre sentimental, c’est-à-dire,  propulsée par les évènements dramatiques.

Du moins, c’est ce que nous pensons d’abord. Mais en lisant le roman, nous nous intéressons de plus en plus au fil du roman à l’eau de rose. Celui-ci commence à paraitre comme formant la partie la plus plausible et convaincante des deux. Nous nous demandons : Est-ce que Sigrid est un écrivain si doué que ses personnages ressemblent aux personnes réelles ? Ou l’écrivaine donne-t-elle tant à son art qu’elle perd parfois la vitalité de sa propre vie ?

Au début, les deux personnages principaux nous semblent familiers. Il y a la romancière dont la vie ne ressemble pas du tout à ses personnages. Et il y a le personnage principal dans le roman à l’eau de rose, qui a l’air de n’être qu’ « adorable » et « irrésistible. » Mais, comme dans les meilleurs romans, il s’avère que rien n’est ce qu’il semblait.

On pense connaître Sigrid. Elle est l’une de ces femmes « entre deux âges » qui sont invisibles. Au début, son invisibilité est métaphorique. Comme auteur, elle ne prend parole que dans les voix de ses personnages, et sa propre voix disparait. Comme quelqu’un qui n’est plus une jeune fille, elle est habituée à ne pas être vue. Tout change, cependant, quand elle s’enregistre à l’hôtel sur une ile grecque pour écrire son prochain roman. Elle  aperçoit une jeune fille dont le regard lui offre une « invitation silencieuse. » Qui est cette inconnue mystérieuse, et pourquoi  une femme aussi magnifique serait attirée par une femme si ordinaire ?

Son nom est Gertrude, Sigrid le découvre pendant leur premier rendez-vous. Gertrude s’habille en noir parce qu’elle est en deuil pour sa tante bien aimée, qui a laissé à Gertrude une somme suffisante pour voyager.

Au milieu du livre, un soir, Sigrid disparait pour espionner Gertrude, par qui elle est obsédée. Sigrid se regarde dans un miroir et ne voit pas sa réflexion. Les femmes de chambre dans l’hôtel dans le couloir ne la voient pas, et Gertrude ne la voit pas non plus, sur la plage. Donc l’invisibilité de Sigrid devient littérale. Ou non ? Le lendemain, le propriétaire dit que le pain au pavot qu’il a servi au petit déjeuner peut parfois provoquer des hallucinations.

Cette métaphore qui devient réelle me pose cette question : Les femmes « entre deux âges,» peuvent-elles utiliser leur invisibilité comme avantage ? L’invisibilité peut-elle leur donner du pouvoir ? Le pouvoir de surprendre, d’être ce que notre culture ne les croit capables d’être ?

Les questions qui font progresser les deux histoires entrelacées—celle de Sigrid et celle de Gertrude—sont résolues par des moyens insolites et étonnants. Des intrigues secondaires qui concernent d’autres clients de l’hôtel (par exemple, un magicien, une cantatrice, un voleur, le diable) contribuent à la qualité magique et étrange, et aussi au suspense.

J’ai tant admiré l’œuvre de Carlier dès que j’ai lu son premier roman, l’Assassin  à la Pomme Verte, qui a gagné le prix du meilleur premier roman pour 2014. Après ce début, Carlier a publié trois autres romans et un livre d’essais. (Lire mes critiques ici et ici et ici.)

Le lien entre l’œuvre de Sempé et celle de Carlier est remarquable. Les deux artistes partagent une économie d’expression. Un dessin par Sempé peut créer un portrait caractéristique avec peu de lignes, et les livres courts de Carlier ne gaspillent de mots. Leurs dessins et romans ont l’air simples à première vue, mais c’est le contraire. Chez Carlier, comme chez Sempé, il y a le même esprit—du caprice, de la fantaisie et du minimalisme.

En somme, L’eau de rose est véritablement un nettoyant visage. Le livre vous nettoiera de vos idées préconçues. Vous vous interrogerez sur vos préjugés par rapport aux genres littéraires, à l’érotisme des femmes d’âge mûr, la trahison, la fidélité, et le pouvoir de l’imagination.

 

 

 

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January 20, 2019 By Sharon Harrigan

Book review (English version) of L’eau de rose by Christophe Carlier

L’Eau de Rose by Christophe Carlier. Published in French by Editions Phébus, Paris, January 2019.

L’Eau de Rose literally means rose water, a natural face cleanser. Metaphorically it means sentimental. A roman à rose is a romance novel. This play on words in the title hints at the double meanings to come.

L’Eau de Rose is a complex little book that allows easy entry but rewards long reflection. At first we think we know what it is: a braided narrative that goes back and forth between the story Sigrid, the narrator, is living and the story she is writing. The two sections are in two different genres. Sigrid’s story is told in the style of realistic literary fiction, with emphasis on character development and style; and the story of Priscilla, the romance novel heroine, is plot heavy, fast moving, with a big dose of fantasy.

At least that’s what we think at first. But as we read, we become more and more invested in the roman à rose strand. It begins to seem like the more plausible part of the braid. We wonder: Is Sigrid such a skillful writer that her characters seem real? Or does the writer give so much to her art that she sometimes loses the vitality in her life?

At first the two main characters seem familiar. There’s the romance novelist whose life does not resemble those of her characters at all. And the romance novel character, who seems to be nothing but “adorable” and “irresistible.” But, as in the best novels, nothing turns out to be what it seemed.

We think we know who Sigrid is. She’s one of those middle-aged women (“between two ages” is the author’s more elegant phrase) who are invisible. At first her invisibility is metaphorical. As an author, she speaks through her characters and disappears in them. As a woman long past her twenties, she is used to not being noticed. Everything changes, though, when she checks into a hotel on a Greek island to write. She becomes aware of a young woman whose gaze offers her “a silent invitation.” Who is this mysterious stranger, and why would someone so beautiful be drawn to Sigrid?

The woman’s name is Gertrude, Sigrid discovers during their first dinner. Gertrude dresses in black because she is mourning her late beloved aunt, who left her an inheritance sufficient to travel to places such as this far-flung island.

Halfway through the book, Sigrid disappears for an evening to spy on Gertrude, whom she has become obsessed with. She looks in the mirror and doesn’t see her reflection. The maids in the hall don’t see her, and neither does Gertrude, out on the beach. Thus Sigrid’s invisibility becomes literal. Or does it? The next day, word spreads that the poppy seeds in the breakfast bread can sometimes cause hallucinations.

This metaphor-turned-literal seems to ask, Can middle-aged women use their invisibility as an advantage? Can it give them power? The power to take people by surprise, to become something our culture does not expect them to be able to be?

The questions that drive the two interwoven plots—are Sigrid and Gertrude going to have sex and are Priscilla and her fiancé going to get married and live happily ever after—are answered in delightfully unexpected ways. Subplots involving other guests at the hotel (a magician, an opera singer, a burglar, and the devil, to name just a few) contribute to the book’s odd magical quality, as well as to its suspense.

I have been a fan of Christophe Carlier’s work since I read his first novel, l’Assassin  à la Pomme Verte, which won the Best First Novel Award in 2014.  Since then, Carlier has been prolific, publishing three more novels and one book of essays/criticism/homage, on the subject of the cartoonist Sempé. (My other reviews of his work can be found here and here and here.)

The link between Sempé’s work and Carlier’s is worth noting. They both share an economy of expression (Sempé can create an idiosyncratic portrait in just a few lines, and Carlier’s short books never waste a word). Their cartoons and novels seem simple at first, but are far from it. They also share the same spirit: of whimsy, curiosity, and innovation.

L’Eau de Rose is, in the end, a cleanser. It will cleanse you of your preconceptions. You’ll question your assumptions about literary genres, the erotic lure of middle-aged women, betrayal, loyalty, and the power of the imagination.

 

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May 8, 2015 By Sharon Harrigan

The Girls of Usually by Lori Horvitz (Book Review)

I met Lori Horvitz several years ago at an artists’ residency, where she was writing this book, then tentatively called “Dating My Mother.” She read the title piece, about her recent break-up with a woman whose eccentric restaurant behavior rivaled that of Lori’s mother, who once responded to a bug in a bowl of soup by saying, “It’s pepper. Just eat it.” The piece was sad, not only because it was about a failed romantic relationship but because the mother in the title died young, when Lori was in her early twenties. I was moved by Lori’s struggle on the page to disentangle herself from a dysfunctional way of paying homage to her mother by unconsciously choosing to date women who resembled her.

In the hands of a skilled writer like Horvitz, such dark material has tremendous comic potential. At the artists’ residency reading, we fellows laughed so hard we were almost in tears. When I say Horvitz is funny, I don’t just mean she is witty or playful with words or cleverly amusing (though she is those things, too). I mean she is David Sedaris-level funny, especially when she writes about her early youth.

Read my full essay, published in The Nervous Breakdown, here.

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January 31, 2014 By Sharon Harrigan

Review of L’Euphorie des Places de Marché by Christophe Carlier

carlier book picture[Note: The French translation follows the English version.]

L’Euphorie des places des marché (Euphoria of the Marketplace). Paris: Serge Safran, 2014.

Christophe Carlier is my favorite contemporary French novelist. I am not the only member of the Carlier fan club. His debut novel, Assassin à la Pomme Verte garnered both critical and popular acclaim, winning the 2012 First Novel Prize in France.

Full disclosure: I am biased. When I read Carlier’s first novel I had not yet met him. But now that I have discovered that he embodies all our American romantic notions of the charm, elegance, and generosity of France, that he is a true French mensch, I can’t help but love his work even more. 

Carlier writes slim gems of novels, each under 200 pages which (if your French is better than mine) can be read in a few sittings. They are condensed and distilled, and the action takes place over a brief period of time. His nonfiction book, Happé par Sempé (released just a few months before L’Euphorie), is the shortest of them all, at 71 pages. (For my full review of that book, see http://www.sharonharrigan.net/blog/review-of-happe-par-sempe-by-christophe-carlier-paris-serge-safran-2013/).

Carlier is a literary novelist who likes to play with genres. In Assassin à la Pomme Verte, he takes on the murder mystery form, giving us suspense and high stakes while infusing the book with elegant, musical, and metaphoric language. He poses philosophical and moral questions while propelling us forward in Agatha Christie style, to find out if the assassin will get caught. (See my full review of the book, in French, here: http://www.sharonharrigan.net/blog/lassassin-a-la-pomme-verte-par-christophe-carlier/)

In L’Euphorie des Places de la Marché Carlier plays with the comic form. The novel is a tightly woven, complex comedy of manners. It is also an astute commentary on world affairs: the economy and our obsession with the drama of its ups and downs, celebrity culture and how it feeds our delusions of grandeur, sexual politics, office politics, globalization, the decline of the Euro zone, French labor laws, the danger of virtual experiences and the pitfalls of online dating, and the ridiculous and contradictory cultural stereotypes the French and Americans have of each other. All these large and important themes don’t weigh the book down. From beginning to end, it is a farce, a romp, a screwball comedy that also happens to be super smart.

The book begins with the Monday evening commutes of Norbert, the new director of a construction company called Buronex, and Agathe, secretary for the company for the past twenty years.

L’Euphorie is elegantly structured to fit roughly one work week, a day for each chapter. The novel alternates point of view between its two main characters, with brief appearances by other employees, clients, and significant others. There is Ludivine, the twenty-something intern who is the ideal worker and thus Norbert’s object of desire as well as Agathe’s arch enemy. Victoire, Norbert’s wife, who withholds salt and secrets. Rudy Harrington, the American client who is the anti-Norbert. Benjamin, the online dater who refuses to meet a woman in person. The secretary who is tied up in her office with the safe open but not burgled, who becomes a topic of endless conversation and speculation. Everyone seems to be cheating on everyone else, in business and pleasure, in a game of cat and mouse, on the global stage.

Norbert drives to work on the Boulevard Peripherique, the bypass road around Paris. As he circles the city, he dreams of being geographically and professionally at the center: of Paris, of his business, of the global economy. This literal drive on the periphery to his home in the outskirts comes to symbolize Norbert’s yearnings, and by extension, the yearnings of France, to not be pushed aside by upstarts in the New World and emerging countries.

Agathe’s commute is also a symbol for who she is. All she ever wanted out of life was to keep her seat. She chose the job at Buronex only because it did not require her to change stations. After her boss retires and the new director, Norbert, arrives, her new goal is to annoy him so much that he will try to fire her. Because of the strict protections of French labor law, she knows it will be so difficult to get rid of her that she will end up with a year off with pay.

Agathe spends her free time watching TV and fantasizing that she is Elizabeth Taylor playing Cleopatra. Norbert spends his commute listening to talk radio and imagining he is Machievelli or Leonardo da Vinci.

Norbert comes to realize that Agathe incarnates everything that is wrong with Buronex. Even everything that is wrong with France. He convinces himself that it is people like Agathe who have caused the euro zone to plunge. He has to get rid of her so France can take back its place in global affairs.

The simple premise—a boss wants to fire an incompetent secretary—spirals out to its most absurd extremes. When Norbert realizes it would be easier to hire a hit man to kill his secretary than to let her go legally, it becomes clear that Carlier still has some affection for the murder mystery form, even in in such a humorous novel.

As an American who has lived in Paris, one of the most fascinating aspects of the novel for me is the satire of French-American national stereotypes. Agathe embarrasses her boss, Norbert, by dressing voluptuously, but Harrington thinks she embodies everything the French do right. “The Frenchwoman’s bust seemed to him a living allegory of services to be offered,” whereas the bust of his primly dressed American assistant Jennifer illustrated the economic problems of America. “The later the hour, the more he felt ready to recognize the superiority of the European model.”

When Agathe first meets the American businessman (whose name, amusingly, is so similar to my own), she thinks “this Rudy Harrington from the New World,” is “the ideal lover, smelling of ketchup and dollars.” She knows little about America but wants to hear about “this faraway place of Red Skins and limousines.”

Agathe’s worship of American bravado soon changes though, and she adopts another stereotype. Her response to a sexual fumble is hilarious: “She had long suspected that the vigor [of American men] was like that of the California sun, subject to eclipses.”

We all spend most of our lives at work. Our jobs are so central to who we are, but many novels place their characters’ professional lives at the periphery of the story. L’Euphorie des places de marché is a workplace novel, in the vein of Joshua Ferris’ brilliantly clever and funny And Then We Came to an End. Both books are about employees being fired. Is there anything more dramatic or relevant than that? Few novels tackle the absurdity of the news coverage of the economy as Carlier does, and none, I imagine, with such ferocity of wit and fun.

L’Euphorie des places de marché par Christophe Carlier

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Je ne suis pas le seul membre du fan club de Christophe Carlier. Son premier roman, Assassin à la Pomme Verte était saluée par la critique et populaire, remportant le premier prix 2012 du roman en France.

La divulgation complète : je suis partiale . Quand j’ai lu le premier roman de Carlier, je ne l’avais pas encore rencontré. Mais des que j’ai découvert qu’il incarne toutes nos notions romantiques américaines du charme, l’élégance et la générosité de la France, j’adore ses romans encore plus.

Carlier écrit des trésors minces de romans, chacun moins de 200 pages qui ( si votre français est meilleur que le mien ) peuvent être lus en quelques séances. Ils sont condensés et distillés, et l’ action se déroule sur une courte période de temps. Son livre critique, Happé par Sempé (sorti quelques mois avant L’ Euphorie ), est le plus court de tous, à 71 pages. ( Pour mon examen complet de ce livre, voir http://www.sharonharrigan.net/blog/review-of-happe-par-sempe-by-christophe-carlier-paris-serge-safran-2013/).

Carlier est un romancier littéraire qui aime jouer avec les genres. Dans Assassin à la Pomme Verte, il prend la forme de policier, nous donnant suspense, tout en infusant le livre avec le langage élégant, musical, et métaphorique. Il pose des questions philosophiques et morales tout en nous propulsant dans le style Agatha Christie, pour savoir si l’assassin se faire prendre. ( Voir mon examen complet du livre, en français , ici : http://www.sharonharrigan.net/blog/lassassin-a-la-pomme-verte-par-christophe-carlier/ )

Dans L’ Euphorie des Places de la Marché Carlier joue avec la forme comique. Le roman est une comédie de mœurs complexe. Il est également un commentaire avisé sur les affaires du monde : l’économie et notre obsession avec le drame de ses hauts et ses bas, la culture de la célébrité et la manière dont il se nourrit nos illusions de grandeur, la politique sexuelle, la politique de bureau, la mondialisation, le déclin de la zone euro, les lois françaises du travail, le danger d’expériences virtuelles et les pièges de la rencontre en ligne, et les stéréotypes culturels ridicules et contradictoires les américains et français ont les uns des autres. Tous ces thèmes grands et importants ne pèsent pas le livre. Du début à la fin, c’est une farce,  une comédie loufoque qui se trouve également être super intelligent.

Le livre commence par les déplacements du lundi soir de Norbert, le nouveau directeur d’une entreprise de peinture et plomberie nommlée Buronex, et Agathe, secrétaire de la société depuis les vingt années .

L’ Euphorie est élégamment structuré pour s’adapter à peu près une semaine de travail, un jour pour chaque chapitre . Le point de vue se succède entre les deux personnages principaux, avec de brèves apparitions par d’autres employés, les clients et autres personnes.  Il y a Ludivine, le stagiaire qui est l’employé idéal et donc l’objet de desire pour Norbert ainsi que l’ennemi juré d’Agathe. Victoire, la femme de Norbert, qui retient le sel et les secrets. Rudy Harrington, le client américain qui est l’anti-Norbert. Benjamin, un amoureux en ligne qui refuse de vraiment rencontrer des femmes. Le secrétaire qui est ligoté dans son bureau avec le coffre-fort ouvert mais pas cambriolé, qui devient un sujet de conversation et de la spéculation sans fin. Tout le monde semble être triché sur tout le monde, dans les affaires et le plaisir, dans un jeu du chat et de la souris.

Norbert conduit a son bureau sur le boulevard périphérique a, la rocade autour de Paris. Comme il le tour de la ville, il rêve d’être géographiquement et professionnellement au centre: de Paris, de son entreprise, de l’économie mondiale. Ce voyage de son domicile dans la banlieue est le symbole des aspirations de Norbert, et par extension, les aspirations de la France, de ne pas être écarté par des parvenus dans le Nouveau Monde et les pays émergents.

Le trajet d’Agathe est un symbole de son esprit paresseux. « Elle avait pour ambition d’éviter les changements ,» et c’est avec ce seul but qu’elle a choisi son emploi. Après son patron prend sa retraite et le nouveau directeur, Norbert, arrive, son nouvel objectif est de l’ennuyer tellement qu’il va essayer de la virer. En raison des protections strictes du droit du travail français , elle sait que ce sera difficile de se débarrasser d’elle qu’elle va se retrouver avec un an de licenciement.

Agathe passe son temps libre à regarder la télévision et à fantasmer qu’elle est Elizabeth Taylor jouant Cléopâtre. Norbert passe son trajet en écoutant la radio pour parler et en imaginant qu’il est Machiavel ou Léonard de Vinci.

Norbert s’avère de réaliser que Agathe incarne tout ce qui ne va pas avec Buronex. Même tout ce qui ne va pas avec la France. Il se persuade qu’il est des gens comme Agathe qui ont causé la zone euro à plonger. Il doit la virer si la France peut reprendre sa place dans les affaires mondiales.

La prémisse simple—un patron veut tirer un secrétaire incompétent—bouge vers ses extrêmes les plus absurdes. Lorsque Norbert se rend compte qu’il serait plus facile d’embaucher un tueur à gages pour tuer son secrétaire que de la laisser partir légalement, il devient clair que Carlier a encore de l’affection pour la forme de policier même dans un tel roman humoristique .

Parce que je suis américaine et j’avais vécu à Paris, l’un des aspects les plus fascinants du roman pour moi, c’est la satire des stéréotypes nationaux franco-américaines. Agathe embarrasse son patron, Norbert , en s’habillant voluptueusement, mais Harrington pense qu’elle incarne tout ce que les Français font bien. « Le buste de La Française lui paraissait une l’allégorie vivante de l’offre de services »  tandis que le buste de son air pincé habillé assistant américaine Jennifer symbolise, pour lui, les problèmes économiques de l’Amérique. « Plus l’heure avançait, plus il se sentait prêt à reconnaître la supériorité du modèle européen. »

Quand Agathe première rencontre l’ homme d’affaires américain (dont le nom , amusante , est si semblable à le mien) , elle pense que « ce Rudy Harrington venu du Nouveau Monde » est « l’amant idéal , sentant le ketchup et le dollar. » Elle sait peu de choses sur Amérique, mais veut entendre parler de « cet ailleurs peuplé de Peaux-Rouges et de limousines. »

Le culte d’Agathe de bravade américaine change bientôt cependant, et elle adopte un autre stéréotype. Sa réponse à un échappé sexuelle est hilare :  « Fine mouche, elle soupçonnait même depuis longtemps que leur vigueur pareille a celle du soleil californien, était sujette a certaines éclipses. »

Nous passons tous la plupart de nos vies au travail, mais de nombreux romans mettent la vie professionnelle de leurs personnages à la périphérie de l’histoire. L’ Euphorie des places de marché est un roman de bureau, dans la veine de brillamment intelligent et drôle And Then We Came to an End by Joshua Ferris. Les deux livres s’agissent employés qui sont virés.

« La crise et les krachs, les dettes et les doutes, les soubresauts de la zone euro » : Y a-t-il quelque chose de plus dramatique ou pertinente que cela? « Norbert Langois adorait les économistes. » Moi, aussi. Et j’adore ce drôle roman économique, qui se déroule avec un féroce esprit de bonne humeur.

 

 

 

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January 31, 2014 By Sharon Harrigan

Review of Happé par Sempé by Christophe Carlier

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[Note: The French translation follows the English review.]

Happé par Sempé by Christophe Carlier. Paris: Serge Safran, 2013.

Happé par Sempé (Caught by Sempé) is a slim volume of first-person criticism, an art appreciation mixed with memoir. Perhaps most of all it is a long love letter from an acclaimed novelist to an iconic cartooonist.

Jean-Jacques Sempé is best known in the United States for his New Yorker covers, more than a hundred of which have featured his whimsical drawings. His importance in France, a country obsessed with cartoons, is perhaps second to none.

At the start of the book, Carlier has missed his train by a few seconds. He faces a long, boring wait, with nothing to do but watch the punctual passengers on the other side, who seem ludicrously happy just to not be him. What happens next is magical. Even though we know that we are following the author’s ripe imagination, what unfolds seems fabulously real and delightfully immediate.

Waiting at the train station, Carlier recreates a Sempé drawing in his head. Then he becomes a Sempé character. The world around him transforms into Sempé’s whimsical universe of slippery, splotchy, watercolored joy. The author imagines his suitcase covered with travel stickers, and he can no longer feel the weight of his baggage or his tardiness. A woman across the track is seized with a crazy laugh. He is saved. Sempé allowed him to observe himself from the outside, with the amusement of a spectator. He can see the absurdity of our daily lives and troubles, as well as the happiness that soaks through our days the way watercolor soaks through the paper.

Once Carlier, our narrator and guide, learns to draw Sempé’s characters—in his head—these drole, balletic creatures can follow him everywhere. And, lucky for us, we can use this technique to imagine our own Sempé-populated world wherever we go.

What is Sempé’s irresistible appeal? Not nostalgia, but something more edgy and innovative. Carlier tells us that the artist doesn’t evoke the past but instead precisely observes the present. Sempé’s gift is giving close attention to small things: Bicycles with frames so thin their riders resemble tightrope walkers. Angry people who look so much like children that we are moved by their troubles. Politicians and other bigshots who wear their ties on their shoulders like flags in the wind.

Calling Happé par Sempé criticism is like calling MFK Fisher’s luscious stories about food cookbooks. Both authors write lovingly about their chosen topics in a deeply intimate way. Both give us abundant and amusing narratives that can add adventure to our quotidian lives and remind us of the hidden beauty in small, seemingly insignificant things.

The combination of invention and documentation in Happé par Sempé reminds me of Patrick Modiano’s Dora. In that brilliant nonfiction work about a Parisian Jewish girl who died in the Holocaust, Modiano leads us on a quest to discover and imagine who Dora was. He enters into the experience of research in the same, first-person way that Carlier does. Both Happé and Dora are hybrid kinds of writing: nonfiction about a real person that is participatory and involves active imagination on the part of the author. Both are written in elegant, spare, melodious prose. Prose so beautiful, evocative, and precise that we can imagine the drawings when we read the book and then venture out into the world, even when we don’t have the pictures in front of us.

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Happé par Sempé par Christophe Carlier. Paris : Serge Safran, 2013.

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Happé par Sempé est un mince volume de la critique intime, l’appréciation de l’art mélangé avec mémoire. Peut-être d’abord et surtout, c’est une longue lettre d’amour écrit de la part d’un romancier primé à une cartooniste emblématique.

Jean- Jacques Sempé est le plus connu aux Etats-Unis pour ses couvertures du New Yorker, plus d’une centaine qui ont présenté ses dessins fantaisistes. Son importance en France est difficile de surestimer.

Au début du livre, Carlier a raté son train—de peu. Il attend une attente longue et ennuyeuse, avec rien à faire que de regarder les passagers ponctuels de l’autre côté, qui semblent ridiculement heureux juste de ne pas être lui. Ce qui se passe ensuite est magique. Même si nous savons que nous suivons imagination de l’auteur, ce qui se déroule semble fabuleusement réel et délicieusement immédiate.

Attente à la gare, Carlier fait un dessin de Sempé dans la tête. Puis il devient un personnage dessiné par Sempé. Le monde autour de lui se transforme en univers fantaisiste de Sempé, un monde de glissant plein de la joie aquarellée. L’auteur imagine sa valise couverte avec des autocollants de voyage, et il ne peut plus sentir le poids de ses bagages ou des sa manque de ponctualité. Une femme à travers la piste est saisie d’un rire fou. Il est sauvé. Sempé lui a permis de s’observer de l’extérieur, à l’amusement d’un spectateur. Il peut voir l’absurdité de nos vies quotidiennes et les troubles, ainsi que le bonheur qui absorbe à travers nos jours la façon aquarelle absorbe à travers le papier.

Une fois Carlier, notre narrateur et guide, apprend à dessiner les personnages de Sempé dans la tête ces créatures balletique et drôle peuvent le suivre partout. Et, heureusement pour nous, nous pouvons utiliser cette technique pour imaginer notre propre monde Sempé peuplée n’importe où nous allons.

Quel est irrésistible chez Sempé ? Pas de nostalgie, mais quelque chose de plus innovante. Carlier nous dit que l’artiste n’évoque pas le passé mais il observe précisément le présent. Sempé nous enseigne comment donner une attention particulière aux petites choses : vélos avec des cadres si mince leurs cavaliers ressemblent funambules. Les gens en colère qui ressemblent tellement à des enfants que nous sommes émus par leurs chagrins. Les politiciens et les autres gros bonnets qui portent leurs cravates sur leurs épaules comme des drapeaux dans le vent.

Appeler Happé par Sempé critique serait pareille d’appeler les histoires succulentes de MFK Fisher les livres de recettes alimentaires. Les deux auteurs écrivent amoureusement sur ​​leurs thèmes choisis d’une manière profondément intime. Les deux auteurs nous donnent des récits abondantes et amusants qui peuvent ajouter aventure à nos vies quotidiennes et nous rappeler la beauté cachée dans les petites choses, en apparence insignifiants.

La combinaison de l’invention et de la documentation chez Happé par Sempé me rappelle de Dora de Patrick Modiano. Dans ce travail documentaire brillante il s’agit d’une jeune fille juive parisienne qui est morte dans l’Holocauste, et Modiano nous conduit dans une quête pour découvrir et imaginer cette fille. Il entre dans l’expérience de la recherche de la même façon que fait Carlier. Les deux livres, Happé et Dora, sont des sortes hybrides d’écriture : un conte d’une personne réelle qui est participative et qui implique une imagination active de la part de l’auteur. Les deux livres sont écrits avec une prose qui est élégant, libre, et mélodieuse. Prose si belle, évocatrice, et précise que l’on peut imaginer les dessins quand nous lisons le livre et ensuite s’aventurer dans le monde, même si nous n’avons pas les photos en face de nous.

 

 

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